%0 artículo original %A Boullier, Henry %E Kotras, Baptiste %E Siles González, Ignacio %D 2021 %G fra %T Savoirs incertains. Étudier « complots » et « vérités » à l’ère numérique %U https://journals.openedition.org/reset/2698 %U https://hdl.handle.net/10669/83532 %X C’est aujourd’hui devenu un lieu commun que d’affirmer que le web a démultiplié la circulation et l’écho reçu par les théories du complot. En France, l’attaque des activistes de QAnon sur le Capitole en janvier 2021, et avant cela les attentats de 2015, ou encore la série d’enquêtes commanditées par la Fondation Jean Jaurès sur la thématique du conspirationnisme, ont constitué des points de fixation pour de nombreux discours alarmistes sur la propagation de « fausses nouvelles » sur internet1. Le contexte pandémique dans lequel nous vivons depuis mars 2020, caractérisé par un haut niveau d’incertitude et l’entrecroisement complexe de controverses scientifiques, politiques, ou encore géostratégiques, a renforcé l’emprise de l’idée selon laquelle le web et les médias sociaux contribueraient aujourd’hui massivement à la désinformation du public. De fait, en réduisant le pouvoir de gatekeeping des journalistes sur l’espace public, et en facilitant l’accès à la publication pour le plus grand nombre, la massification du web social a rendu visibles un certain nombre de récits, positions, ou idéologies qui jusqu’ici n’accédaient que peu ou pas à l’espace public (Cardon, 2010). Simultanément, les logiques affinitaires qui concourent à la hiérarchisation algorithmique de l’information en ligne sur nombre de plateformes (Beer, 2017; Gillespie, 2014) ont pu contribuer à la formation de « bulles informationnelles », espaces idéologiquement homogènes et relativement hermétiques, tendant à conforter les croyances de l’individu plutôt qu’à l’exposer à des discours contradictoires.